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Titi ninja au Japon

Japon

Nikko[Unesco][+]

C'est une sortie agréable pour passer un jour en dehors de Tokyo dans une zone montagneuse et boisée. infos sur liaison Tokyo-Nikko Info trajet Tokyo-Nikko

Pour faire le trajet Tokyo-Nikko, on peut soit prendre des trains d'une ligne classique, soit prendre le shinkansen, le train à grand vitesse japonais, jusqu'à Utsunomiya puis un train omnibus. Quelle que soit la solution retenue, il ne faut pas compter moins d'1h30-2h de trajet...

Shinkansen


Les temples shinto-bouddhistes, dans un style particulier appelé gongen-zukuri, sont sublimes. J'ai eu de la chance lors de mon passage car la neige était au rendez-vous, mais il ne neigeait plus, et cela créait une sorte de féérie dans les paysages déjà magnifiques. En plus de la visite des temples il faut profiter d'être à Nikko pour se rendre au lac Chuzenji et aux chutes de Kegon (en bus, avec une route sinueuse et ravissante). Et notons que Nikko signifie "lumière du soleil".

Temples et sanctuaires

Pont sacré Shinkyo

Ce pont en bois laqué rouge a été construit à l'endroit où le moine Shodo-shonin, fondateur des temples de Nikko, a traversé la rivière soutenu par deux énormes serpent prenant la forme d'un pont (en l'an 766).

Pont sacré Shinkyo

Sanctuaire Tosho-gu

C'est le mausolée du premier shogun de la dynastie Tokugawa : Tokugawa Ieyasu qui acheva l'unification du Japon sous son autorité, déplaça le shogunat à Edo (Tokyo)... et demanda à être enterré à Nikko à sa mort pour garder Edo des ennemis invisibles supposés venir du nord. Comme tout sanctuaire shintoïste, on y entre par un torii.
Sur une première porte, on a les sculptures des deux gardiens ni-oh, l'un bouche ouverte prononce le son "ah" (pour le commencement) alors que le second, bouche fermée, prononce le son "um" (pour la fin). Dans le bouddhisme qui lui-même tire quelques-unes de ses racines de l'hindouisme le son "Aum" est le son de la création du monde surgit du chaos. Il s'agit ici de syncrétisme. Sur une porte suivante, on a les komas (mi-chiens, mi-lions) qui sont aussi des gardiens.
A voir aussi la pagode à 5 étages, l'écurie sacrée avec une sculpture des 3 singes de la sagesse, provenant de la mythologie chinoise. la "sagesse" de ces trois singes était de "ne pas entendre ce qu'il ne faut pas entendre", "ne pas dire ce qu'il ne faut pas dire", "ne pas voir ce qu'il ne faut pas voir". Ces principes viennent de la secte bouddhiste japonaise Tendai que l'on retrouve ici par syncrétisme. Rm : l'indien Gandhi avait toujours sur lui une gravure de ces trois singes...

La porte Yomeimon est magnifique !

Porte Yomeimon Les 3 singes de la sagesse

Sanctuaire Taiyuin-byo

C'est le mausolée du célèbre shogun Tokugawa Iemitsu (1603-1661), qui ferma le Japon au monde (pour une période qui dura plus de deux siècles et est appelée sakoku). Il était le petit-fils du premier shogun de la dynastie Tokugawa : Tokugawa Ieyasu. Il a d'abord commandé le sanctuaire Tosho-gu pour son grand-père puis Taiyuin-byo pour lui-même. infos sur le shogunat, Tokugawa Ieyasu et Tokugawa Iemitsu shogun

Le terme shogun désigne un titre de général en chef avec le pouvoir de diriger le pays par délégation de l'empereur (dairi). Initialement, ce titre était donné par l'empereur lors de guerres et était provisoire. Mais en 1192, le samouraï Minamoto-no-Yoritomo constate la faiblesse de l'empereur et s'approprie le titre de shogun pour diriger le pays. Il conserve l'empereur à Kyoto mais établit un pouvoir militaire à Kamakura. C'est ce pouvoir militaire qui dirige alors réellement le Japon et le shogunat devient le régime officiel cette même année 1192. Il le restera, bien que marqué par plusieurs guerres de clans et de succession jusqu'en 1867, date du début de la restauration de l'empereur : la restauration Meiji.


Au XVIème siècle, les dirigeants Nobunaga Oda puis Toyotomi Hideyoshi commencent l'unification du Japon pour leur compte. C'est aussi au XVIème qu'arrivent les portugais et avec eux la religion chrétienne. Hideyoshi promulgue une première interdiction du christianisme en 1587 et expulse les jésuites. Il meurt en 1598 en laissant son clan affaibli après le revers de l'invasion de Corée et une guerre de succession s'ensuit. C'est finalement Tokugawa Ieyasu (1543-1616) qui remporte la bataille décisive de Sekigahara (surnommée "la bataille qui décida de l'avenir du pays") en 1600. Il prend le titre de shogun et finit d'unifier le Japon.


Le shogun Tokugawa Iemitsu (1604-1651), petit-fils du précédent, est le shogun sous lequel le Japon s'est refermé sur lui-même. Il s'en prend d'abord aux chrétiens japonais, principalement présents autour de Nagasaki, en les persécutant puis en écrasant la rébellion de Shimabara. Il interdit ensuite le commerce avec les portugais (qui avaient ouvert une route commerciale entre Macao et le Japon) sous peine de mort. Il leur reprochait d'avoir introduit la foi chrétienne au Japon. Seuls les chinois et néerlandais peuvent encore commercer avec le Japon mais cela reste très réglementé. C'est à ce même shogun que l'on doit le raffinement unique des sanctuaires de Nikko, mausolées pour lui-même et son grand-père.


On a une intéressante description du Japon du XVIIème siècle grâce à François Caron, un descendant de huguenots français, qui travaillait pour la compagnie néerlandaise des Indes orientales et commerçait avec le Japon alors sous l'autorité du shogun Tokugawa Iemitsu. Le livre est publié sous le titre "le puissant royaume du Japon" (1636). On y apprend, anecdotes à l'appui, que la vie y était très stricte et très structurée...


La porte nitenmon qui marque l'entrée du sanctuaire est superbe ! On peut voir aussi plusieurs statues de divinités et gardiens.

Porte Nitenmon Porte Kokamon

Sanctuaire Futarasan

On y pénètre après avoir franchi le torii en bronze auquel est attachée une corde sacrée (shimenawa) en paille de riz tressée sur laquelle pendent des shides, bandes de papier pliées en zigzag. Le torii sert à indiquer l'entrée dans un sanctuaire shintoïste. La corde sacrée sert à délimiter le territoire du kami. Les shides représentent le kami. Dans ce sanctuaire on vénère les kamis du Mont Nantai, Mont Nyotai et Mont Taro. Des bidons de saké sont offerts aux kamis par des entreprises ou des particuliers.

Torii et shimenawa Offrandes de bidons de saké

Temple Rinno-ji

Pour changer des sanctuaires shintoïstes, voici un temple bouddhiste à l'intérieur duquel il y a trois grandes statues : une de Senju Kannon (Avalokitesvara -en sanscrit- représentée avec 1000 bras), une du bouddha Amida (Amitabha en sanscrit) et une de Bato Kannon à tête de cheval (Là encore Avalokitesvara mais représentée en protectrice du monde animal). Précisons qu'Avalokitesvara (Kannon en japonais) est la bodhisattva de la compassion et qu'elle a 33 formes ou représentations différentes ! Elle est très vénérée au Japon et est à l'origine du nom de la société Canon. Dommage, photos interdites...


Il s'y déroule chaque année (le 2 avril) le Gohan Shiki, cérémonie des "mangeurs de riz forcés". A cette occasion les moines bouddhistes font avaler de grands bols de riz à des notables en s'assurant qu'ils mangent tout jusqu'au dernier grain... Cela permettrait de conjurer le mauvais sort. Je me souviens avoir vu des extraits d'émissions TV japonaises "ludiques" où le "jeu" consistait à manger le plus vite possible d'énormes quantités de nourriture au risque de tomber sérieusement malade... Y aurait-il un lien avec cette cérémonie qui aurait pu mener à cette "idée" ?...

A voir aussi la colonne sorinto sous laquelle sont stockés 1000 volumes des écritures bouddhistes, et un jardin qui reproduit en miniature des paysages du lac Biwa (près de Kyoto).

Lac Chuzenji et chutes de Kegon

Attention au climat ! Un 8 mars il y avait de la neige mais heureusement avec la douceur des températures la route était praticable... C'est par ailleurs un complément idéal à la visite des temples à 30 km de Nikko. La route est belle, et autre avantage, le lac chuzenji et les chutes de Kegon, cascade de 97 m, sont à proximité. Ceci dit, on peut aussi s'arrêter quelques arrêts avant pour accéder à un belvédère (qui était fermé car trop de neige le jour de ma visite).
infos sur liaison Nikko-Lac chuzenji Infos trajet Nikko-Lac chuzenji

Il faut compter 50 mn de route en bus au départ de Nikko. Pour se renseigner sur les horaires aller/retour on peut se rendre au bureau d'information situé sur la rue allant de la gare au pont shinkyo (sur la gauche dans ce sens). A bien planifier, surtout si une halte au belvédère est prévue. Ainsi pour tout faire en une journée, il est préférable de venir tôt le matin, par exemple pour consacrer la matinée aux temples et sanctuaires et l'après-midi au lac chuzenji et chutes de Kegon.

Lac chuzenji Chutes de Kegon